Sunday, June 26, 2005

Bitch Volley!




Et voilà, je viens de rentrer de 3h intenses de beach volley à Montréal, au Parc Jeanne-Mance.

Le beach volley est l'un des rares endroits ou j'ai régulièrement le plaisir de faire des rencontres inattendues et forts sympathiques. Celle d'aujourd'hui me semble digne d'être relatée.

On joue donc, placés au hasard dans des équipes incomplètes attendant de jouer. Je me suis retrouvé avec 2 iraniens et un géant aux traits indiens du nom de Jimmy. Il parlait peu, jouait bien et avait des mèches blondes. Mais ce qui m'a intrigué, c'était son sourire: un sourire simple, innocent de cette innocence que seuls les enfants ont et quelque peu édenté. Jimmy m'a semblé simplet, à première vue.

Lorsqu'on a eu fini de jouer, et en attendant de rejouer, j'ai remarqué Jimmy assis avec une fille, à l'ombre des sapins. Je leur ai proposé de rejouer et de se réinscrire ensemble en tant qu'équipe next next (ouais au beach volley à Montréal, le nom d'équipe est lié à sa place dans la liste d'attente. Next next veut juste dire 2ème sur la liste)
La fille se prénommait Aurora et manifestement elle et Jimmy étaient liés. En commençant à discuter avec elle, elle m'a expliqué que Jimmy venait du Grand Nord du Québec et qu'elle était monté là bas enseigner au niveau "high school" il y a 3 ans. Évidemment vu le nombre d'étudiants par classe (20 en enseignement en anglais et 25 en enseignement en francais), elle devait faire la classe à un profil très hétéroclite et servait donc de prof d'anglais, maths, histoire, informatique, etc...

Aurora m'a aussi parlé des problèmes rencontrés par les jeunes vis-à-vis de la boisson: nulle part ailleurs, m'expliquait-elle, ne rencontre-t-on des jeunes devenant aussi "fous" et incontrolables. La relative rareté de l'alcool et l'absence de modèle de responsabilisation face à la consommation fait que les jeunes, s'ils ont la chance de mettre la main sur une bouteille de vodka, la descendent au goulot jusqu'à temps qu'elle soit vide et eux, d'être ivres morts. La violence est alors coutumière: entre amis, avec sa petite amie, etc... Je lui ai demandé s'il s'agissait d'une question de métabolisme face à l'alcool: elle s'est raidie et m'a répondu que beaucoup de gens seraient offensés par mes propos, qu'il ne s'agissait que de problèmes surgissant du fait du statut très à part de l'alcool dans cette société. J'ai expliqué en rigolant que j'étais bedonnant car mon métabolisme ne me permettait pas de brûler les calories aussi vite que d'autres et que par conséquent, mon allusion n'avait rien de raciste ni même d'allusion à une supériorité génétique quelconque. Cela a eu l'air de l'amadouer.

Pendant ce temps Jimmy ne disait rien. A l'occasion il souriait, simplement et sincèrement.

Quand il s'est éloigné, je lui ai demandé s'il ne parlait pas beaucoup d'une manière générale. "Dans sa culture, on a tendance à observer, à écouter mais pas vraiment à parler". Elle m'expliquait cela sans aucun reproche mais j'ai quand même senti une petite pointe de malaise, comme si mon bavardage avait pu paraître indécent.

Lorsqu'est venu notre temps de jouer, Aurora m'a expliqué que dans ce petit village perdu, il n'y avait pas grand chose à faire et que donc le sport était un hobby très courant. Hockey et volley-ball sont les plus populaires m'a-t-elle confié.

Comme pour illustrer son propos, Jimmy a servi un ace parfait. Le volley-ball du Grand Nord, qui l'eut cru!

Ah oui, Aurora et Jimmy se marient en août. Une bien belle histoire... :)