Wednesday, August 10, 2005

L'ame de la pierre


Sixième point de vue sur le Canyon de Chelly

Rétrospectivement, et même sur le moment, j'ai et j'avais eu du mal à mettre en mots ce que ce canyon m'inspire. C'est peut être mon goût des Courbes, mises en avant ici plus que nulle part ailleurs, qui me donne ce sentiment de majesté, d'accalmie spirituelle... Ou encore c'est cette douceur de la pierre, rouge et ocre, sans saturation extrême, que vient équilibrer cette forêt verduriante du fond du canyon.

Quelques miles à l'est de la ville de Chinle, perdu dans les terres Navajos, le Canyon de Chelly possède une sobriété et une magnificence sans égale. Délicatement, l'eau a gravé des courbes sinueuses dans la pierre. Contrairement à Bryce Canyon et au Grand Canyon, on voit là l'effet du temps, de l'écoulement lent, et non pas d'une érosion brutale et turbulente telle qu'on peut la connaître avec les flash floods des orages d'été... Non, ici, c'est le règne de la douceur érodique. Je joue sur les mots mais c'est là, je crois, l'essence même de ce canyon.

Comme autant d'amantes successives, les vagues ont lissé la peau de pierre du canyon. Crevasses et arêtes sont ici des exceptions, la norme est au délicat lissage de la pierre par les éons.

Si le Grand Canyon évoque la puissance incommensurable des forces de la Nature, si Bryce Canyon évoque la complexité et l'unicité de ces phénomènes, si Antelope Canyon évoque dans toute sa subtilité les jeux de lumières, pour moi, le Canyon de Chelly représente les doux ravages du temps, ces caresses répétées qui adoucissent et assagissent les pires de nos angles aigus. De toutes les pierres du Sud Ouest américain, ce canyon est le seul qui m'évoque, au delà de proportions humaines, un feeling humain, dans ses courbes presque érotisées... De quoi faire bander l'âme.